Les récentes tragédies survenues sur les autoroutes 50 et 55 mettent une fois de plus en lumière les risques importants des routes où les voies opposées ne sont pas séparées par un terre-plein central.
Ces configurations de nos autoroutes, encore fréquentes dans plusieurs régions du Québec, augmentent significativement le risque de collisions frontales, souvent avec des conséquences fatales.
Autoroute 55
Le jeudi 7 décembre 2024, un grave accident a été rapporté sur l’autoroute 55, près de Bécancour. Une collision frontale entre une voiture et un poids lourd a coûté la vie à une femme de 37 ans. Selon les premières analyses, l’absence de séparation médiane sur ce tronçon pourrait avoir été un facteur aggravant. Ce drame s’ajoute à une longue liste d’incidents similaires sur cette route au cours des dernières années, confirmant sa réputation comme l’une des routes les plus dangereuses de la région.
Quelques semaines auparavant, le 15 novembre, un autre accident mortel avait eu lieu sur la même autoroute, à Saint-Célestin. Là encore, une collision frontale impliquant un poids lourd a causé le décès d’un homme dans la quarantaine. L’enquête a mis en évidence l’impact de l’absence de barrière centrale et des conditions routières défavorables sur ce type d’incidents.
Autoroute 50
La situation est tout aussi préoccupante sur l’autoroute 50. En moins de 36 heures, deux accidents graves ont été rapportés, mettant en évidence la dangerosité de cette route surnommée « l’autoroute de la mort ». Le mercredi 6 décembre 2024, un accident survenu à Brownsburg-Chatham a coûté la vie à un homme de 65 ans.
Puis, le jeudi 7 décembre, une collision frontale entre une camionnette et un véhicule familial s’est produite près de Grenville. Bien que cet accident n’ait pas fait de victime mortelle, une personne a été transportée à l’hôpital pour des blessures importantes. Ce tronçon, dépourvu de terre-plein central, continue de susciter des inquiétudes parmi les usagers de la route.
Dangers des autoroutes à chaussées non séparées
Les statistiques de la Sûreté du Québec pour 2023 révèlent que près de 31% des collisions mortelles sont dues à la conduite imprudente et aux excès de vitesse. À cela s’ajoutent 16% des accidents causés par une capacité de conduite diminuée (alcool, drogues, fatigue). Bien que ces comportements soient des causes majeures, les routes à chaussées non séparées amplifient les risques en laissant peu de marge de manœuvre aux conducteurs pour éviter des collisions frontales.
Pour les utilisateurs de ces réseaux routiers, les appels à des solutions concrètes se multiplient. Les experts en sécurité routière recommandent l’installation de terre-pleins centraux ou de barrières physiques pour réduire ces risques. Des études montrent que l’installation de séparateurs centraux, tels que des glissières de sécurité ou des terre-pleins, peut réduire les collisions frontales jusqu’à 70%. Par ailleurs, en Suède et en Irlande, la mise en place de barrières médianes sur des routes auparavant dépourvues de séparation a significativement diminué le nombre d’accidents graves.
Outre les infrastructures, les campagnes de sensibilisation et l’entretien rigoureux des routes jouent également un rôle crucial. La neige et la glace nécessitent des interventions fréquentes pour maintenir la sécurité. Cependant, ces efforts doivent être combinés à des investissements dans les aménagements de ces autoroutes pour avoir un impact durable.
Urgence d’agir
Au Canada, plusieurs routes à chaussées non séparées connaissent des problèmes similaires. La route 11-17 en Ontario, souvent qualifiée de l’une des plus dangereuses du pays, est fréquemment le théâtre de collisions frontales mortelles. L’absence de séparation physique entre les voies y est identifiée comme un facteur contributif majeur.
Pour améliorer la sécurité, de nombreuses voix réclament non seulement l’ajout de séparateurs centraux, mais aussi la transformation de ces routes en autoroutes à deux voies dans chaque direction. Ce type d’infrastructure offre non seulement une séparation physique complète des sens de circulation, mais également une meilleure capacité pour répondre aux besoins des usagers tout en réduisant significativement les risques de collisions frontales.
Il est donc essentiel de combiner des comportements de conduite responsables avec des infrastructures routières sécuritaires. Qu’il s’agisse de l’ajout de séparateurs centraux ou de l’élargissement des routes en véritables autoroutes, ces solutions peuvent grandement atténuer les conséquences des erreurs humaines et sauver des vies.