L’ancien président des États-Unis, Donald Trump, a récemment été condamné à une amende de 355 millions de dollars par l’État de New York pour avoir faussement déclaré sa valeur nette dans des transactions commerciales. Suite à cette décision, il soutient désormais les appels des camionneurs à boycotter la ville de New York.
La décision de la Cour suprême de New York, rendue le 16 février 2024, a provoqué l’indignation de Trump, qui l’a qualifiée d'”ingérence électorale” et d'”abus de pouvoir répugnant”. Trump s’est rapidement tourné vers la collecte de fonds suite au verdict, mais depuis, quelques camionneurs sont devenus viraux sur les réseaux sociaux en proposant un autre type de soutien : un boycott punitif du transport de marchandises vers la ville de New York.
La rumeur d’un boycott des camionneurs à New York a été lancée par la personnalité du camionnage Chicago Ray, qui a partagé une preimère vidéo affirmant que les camionneurs allaient commencer à refuser les chargements à destination de New York à partir de lundi le 26 février, exprimant leur mécontentement envers le traitement de Trump.
Ray a supprimé la vidéo un peu plus tard, mais a déclaré qu’il continuait à refuser les transports vers New York, soulignant que les conducteurs peuvent prendre leurs propres décisions en fonction de leur famille et de leur carrière.
Cependant, l’idée d’un boycott des camionneurs de New York continue de faire parler d’elle. Jennifer Hernandez, s’exprimant depuis la cabine d’un camion, a soutenu que cela pourrait paralyser New York, car si la ville perd ne serait-ce que 10% des camions qui y vont, leurs prix vont exploser sur tout, du lait aux œufs en passant par tout type de biens dont les consommateurs ont besoin.
Adam Wingfield, à la tête du groupe de conseil Innovative Logistics, a remis en question la fiabilité des réseaux sociaux pour les histoires concernant l’industrie fragmentée du camionnage, critiquant le manque de faits et de preuves derrière les affirmations faites en ligne.
Overdrive a cherché à obtenir des chiffres précis sur un boycott de New York, et a trouvé quelques affirmations de grandes entreprises qui se joignent au mouvement, mais rien de vérifiable.
Un compte Twitter influent a promis une action d’envergure en défense de Trump, affirmant que leur entreprise n’expédierait plus de marchandises à destination ou en provenance de New York. Cependant, Overdrive n’a pas reçu de réponse de la part de Marcel Kalinovic ni des entreprises Hot Shot.
Les camionneurs eux-mêmes ont des avis mitigés sur le transport vers New York, citant diverses difficultés telles que les permis, les péages, le manque de parking, les virages serrés et la circulation infernale comme raisons d’éviter la ville.
La ville de New York est en effet aussi inhospitalière que possible pour les camions. Le pont George Washington, l’un des principaux points d’entrée dans la ville, est régulièrement classé comme le pire piont de congestion de la circulation dans tout le pays.
La plupart du temps, les transporteurs déposent leurs marchandises à Hunt’s Point ou à un point de livraison à l’extérieur de la ville, puis elles sont rechargées sur des camions plus petits qui livrent réellement à Manhattan.
En résumé, il n’y a pas d’arrêt de camion à New York qui restera vide et perdra des affaires. Les courses sont déjà chères dans la ville, et les vrais grands camions OTR évitent principalement la ville de toute façon, et ce depuis des années.
Mais comme le convoi de la frontière du Texas avant lui et d’autres tentatives pour que les conducteurs américains imitent le succès du Convoi de la liberté du Canada, l’idée que les camionneurs s’organisent pour tenir en échec les dirigeants politiques et judiciaires a pris de l’ampleur même au-delà de tout boycott physique.
Chris Thomas, connu sous le nom d’IndieTrucker sur Twitter, a exprimé que le fait de dire que l’on fait un choix alors que l’on n’a eu aucun choix au cours des deux dernières années que d’être économe sur les coûts ou de ne pas travailler est peut-être encourageant pour certains.
Gord Magill, écrivain et animateur du podcast Voice of Go(r)d, a estimé que le récit du boycott des camionneurs était exagéré et une occasion manquée, soulignant que toute cette histoire de New York est une absurdité construite autour d’un candidat politique.
Ainsi, même s’il n’est pas du tout clair si les camionneurs prenant des décisions individuelles nuiront à la Cour suprême de New York en représailles à leur verdict contre Trump, toute cette posture politique rend une chose éminemment claire : c’est une année électorale.
(Trump endorses trucker’s ‘boycott’ of NYC — but what’s really going on?)
