Les contrôleurs routiers du Québec, représentés par la Fraternité des contrôleurs routiers, mènent une bataille importante pour la reconnaissance de leur rôle critique dans la sécurité routière et pour l’obtention d’outils de travail adéquats, notamment l’accès à une arme de service et au CRPQ (Centre de Renseignements Policiers du Québec).
Ce débat, qui s’est intensifié au cours des dernières années, touche non seulement la sécurité des contrôleurs eux-mêmes, mais également celle de tous les usagers des routes québécoises.
Une fonction essentielle mais démunie
Les 300 contrôleurs routiers de la province, bien que formés à l’École nationale de police du Québec et dépositaires d’une grande responsabilité en matière de contrôle des véhicules lourds et commerciaux, se retrouvent dans une position unique parmi les agents de la paix au Québec : ils ne sont pas armés. Alors qu’ils patrouillent sur les routes pour appliquer plus de 11 lois et 50 règlements, leur mission les place souvent en situation de confrontation avec des conducteurs et véhicules variés, notamment des camions, des autobus, et des taxis, sans qu’ils disposent des mêmes outils que leurs homologues policiers.
Jean-Claude Daignault, président de la Fraternité, a adressé une lettre au Premier ministre François Legault, mettant en lumière l’importance de ce dossier. Depuis 1992, plusieurs plaintes et refus de travail ont été déposés par les membres pour demander l’accès à une arme de service et à une formation continue. Ces demandes, bien que soutenues par des experts, n’ont toujours pas été satisfaites.
Un conflit juridique en cours
Le 12 septembre dernier, les plaidoiries ont débuté devant le Tribunal administratif du travail (TAT). La Fraternité plaide non seulement pour l’accès à l’arme de service, mais également pour un accès complet au CRPQ, ainsi qu’une formation continue pour assurer la sécurité et l’efficacité des contrôleurs. L’employeur, de son côté, soutient que le travail des contrôleurs n’est pas suffisamment dangereux pour justifier une telle mesure, malgré le rapport contradictoire de son propre expert.
Cette situation a conduit à des discussions tendues, où les positions des différentes parties semblent irréconciliables. L’employeur, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), maintient que les contrôleurs routiers disposent de tous les outils nécessaires, mais les représentants des contrôleurs rappellent qu’ils ne peuvent pas toujours se retirer des situations dangereuses et que les agressions ne sont pas rares.
Un enjeu de sécurité collective
Au-delà du simple accès à des armes, ce conflit souligne un enjeu plus vaste : celui de la reconnaissance du rôle des contrôleurs routiers dans la sécurité publique. Si leur travail consiste à assurer le respect des réglementations en matière de transport, il n’en demeure pas moins qu’ils jouent également un rôle crucial dans la prévention des accidents et des infractions sur les routes québécoises.
Avec plus de 100,000 véhicules interceptés chaque année, la Fraternité souligne que leur présence sur les routes est un filet de sécurité pour la population. Cependant, sans les outils adéquats, leur capacité à assurer cette mission est compromise.
« Les propos tenus par les deux avocats du gouvernement ont créé une onde de choc chez nos membres », déclare Jean-Claude Daignault à Truck Stop Québec, soulignant du même coup l’importante période d’attente qui pourrait suivre avant l’obtention du jugement.
Les plaidoiries étant terminées, le Tribunal administratif du travail devra statuer dans un délai de 90 jours. Toutefois, en raison de la complexité du dossier et du volume considérable de preuves, il est possible que cette attente soit extensionée. La Fraternité espère toujours trouver un terrain d’entente avec le gouvernement avant que le jugement ne soit rendu.
Le dossier reste complexe, avec plus de 8,000 pages de preuves déposées, mais la question centrale demeure : comment assurer la sécurité des contrôleurs et des citoyens sans compromettre leur efficacité?