NouvellesÉric Gignac, PDG de Guilbault, dénonce l'injustice du modèle Chauffeur Inc.

Éric Gignac, PDG de Guilbault, dénonce l’injustice du modèle Chauffeur Inc.

Éric Gignac dénonce le modèle des chauffeurs incorporés et appelle à une action gouvernementale pour rétablir une équité dans l'industrie du transport.

Récemment, plusieurs entreprises de transport ont exprimé leurs préoccupations concernant le modèle “Chauffeur Inc.” et Éric Gignac de Guilbault en fait parti. Ce modèle, qui permet aux chauffeurs d’être incorporés, soulève des enjeux importants dans l’industrie.

Elles demandent une intervention gouvernementale rapide pour rétablir une équité fiscale, stopper l’abus des chauffeurs et assurer une compétitivité saine dans le camionnage.

Après avoir reçu en studio Réal Gagnon, qui dénonçait le stratagème, une lettre de notre part a été envoyée au ministre Stephen MacKinnon. Celui-ci nous a répondu, et qui mieux qu’Éric Gignac, PDG du Groupe Guilbault, pour réagir et offrir son point de vue éclairé?

« Je pense que j’aimerais ça avoir une job au gouvernement ou dans les communications », répond Éric Gignac, « parce que tu prends la même réponse, tu fais un copier-coller, puis tu l’envoies à n’importe qui, parce que c’est la même histoire qui se répète à chaque fois. Ils nous disent qu’ils travaillent fort, peut-être qu’ils travaillent. Le qualificatif fort est un peu fort, mais s’ils disent dans leurs réponses qu’ils vont trouver des solutions efficaces et équitables pour solutionner le problème… Qu’ils ont modifié le code du travail… En tout cas, regarde… faites la mettre en vigueur la loi! »

Il s’agit d’une situation où les règlements existent, mais ne sont jamais appliqués. Ce modèle va à l’encontre des obligations fiscales auxquelles les entreprises doivent se conformer. Comme toute compagnie de transport au Québec, le Groupe Guilbault s’acquitte de ses responsabilités fiscales, en versant des déductions à la source pour ses employés.

Éric Gignac exprime son désarroi face à la concurrence déloyale : lorsque des entreprises qui emploient des chauffeurs incorporés soumissionnent des contrats avec des rabais de plus de 20%, cela devient presque impossible de rivaliser sur le marché, tout en respectant les règles fiscales en vigueur.

« On se sent comme le dindon de la farce. J’ai des compétiteurs à moi qui se sont fait voler des gros clients. Moi, c’est déjà commencé. C’est pas majeur, mais on sent cette pression-là de la part de notre clientèle qui nous demandent d’expliquer pourquoi on est 20%, 25% plus cher que les autres. Ça fait que dans ce temps là, moi aussi, je sors ma cassette, je sors ma cassette de bon citoyen corporatif canadien qui paye ses impôts, qui paye ses employés, puis qui paye tout et qui ne doit pas une cenne au gouvernement. Moi, à la fin du mois, tout est payé, tout est réglé. »

Éric Gignac exprime son agacement face à la situation actuelle. Selon lui, si certains veulent jouer à ce jeu, cela finira par se jouer à deux. Il se demande même pourquoi il ne créerait pas une division avec des chauffeurs incorporés pour conserver ses clients. Il se voit presque contraint de baisser ses tarifs pour rester compétitif, et continuer de faire travailler ses employés, mais cette stratégie n’est pas viable à long terme.

Bien que certains remettent en question l’efficacité de l’ACQ et de la mobilisation de l’industrie pour se faire entendre, Éric Gignac insiste sur le fait que des efforts surhumains sont déployés pour provoquer un changement. À l’échelle provinciale, les autorités affirment souvent que la question relève du fédéral.

Cependant, Gignac propose une solution : en établissant un lien entre l’Agence du revenu du Canada et les contrôleurs routiers, il serait possible de procéder à des vérifications aux balances, puis de transmettre les informations à l’Agence du revenu, et vice-versa. Avec une réelle volonté, des solutions concrètes pourraient être mises en place. Toutefois, il reconnaît que le provincial est limité dans ses actions. Quant au fédéral, le PDG de Groupe Guilbault va plus loin en qualifiant le gouvernement actuel de “gouvernement fantôme”, quasi inexistant selon lui.

Il souligne qu’une partie importante de l’électorat du Parti libéral du Canada provient de Brampton, notamment, et des groupes partageant une même communauté culturelle, qui constituent une source significative de leurs votes. Il précise qu’il n’est absolument pas question de sombrer dans le racisme, car cela n’a rien à voir avec son propos. Cependant, Éric Gignac estime que Justin Trudeau et ses sbires doivent agir rapidement pour apporter des solutions.

Il déplore aussi le manque de pouvoir de l’Alliance Canadienne du Camionnage (ACC), qui devrait représenter les intérêts de l’industrie auprès d’Ottawa. L’Alliance perd des plumes, en faisant allusion à son manque de rencontres avec des figures influentes comme Pablo Rodriguez ces derniers mois, comparé à Marc Cadieux de l’ACQ qui a été très actif sur le dossier “Chauffeur Inc”. L’Alliance semble trop alignée avec l’opposition, ce qui pourrait être risqué, étant donné l’incertitude politique à venir.

Il conclut en soulignant que cette agitation ne se limite pas au Québec : des associations en Alberta et en Saskatchewan commencent également à exprimer leur mécontentement; ça brasse.

« Le gros problème aussi selon moi, il y a deux choses. Un : Pour notre industrie, il faut qu’on s’en aille vers une certification des chauffeurs au Canada, pas Québec, au Canada. Comment le faire, c’est encore nébuleux un peu, mais ce sont des sujets qui nous sont apportés depuis plusieurs années, à L’ACC. Un ordre professionnel. Puis ça, ce sont des sujets que j’ai entendus au moins v’là deux ans, trois ans, que je suis un des représentants du Québec à l’ACC. »

Le problème avec nos gouvernements, qu’il s’agisse du provincial ou du fédéral, est que plusieurs autres secteurs utilisent également le modèle de l’incorporation, comme les médecins et les travailleurs de la construction. Ces groupes bénéficient du statut “incorporé”, ce qui crée un précédent difficile à ignorer. L’idée est souvent que si une pratique est permise pour un secteur, elle devrait l’être pour tous. Pourtant, en s’attaquant à cette question, les gouvernements pourraient découvrir une situation complexe, mais aussi potentiellement récupérer des milliards de dollars en revenus.

Cependant, avec les élections fédérales qui approchent l’année prochaine, suivies des élections provinciales dans deux ans, il semble qu’il n’y ait que peu de volonté politique pour initier des changements aussi significatifs.

« Je ne me ferai pas d’amis, mais dans les influenceurs dans le camionnage actuellement, il y en a qui veulent bloquer des routes, qui veulent faire des convois… Moi, c’est non. Il faut être certain d’une chose. Des Claude Robert, des Michel Robert, des Éric Gignac, des David Morneau. On ne laissera pas tomber nos milliers d’employés pour ça. On va se battre. Chez Guilbault, ça fait 96 ans, là. C’est pas vrai que je vais fermer ma compagnie ou que je vais commencer à perdre de l’argent à cause d’une problématique de chauffeurs incorporés.

 

Fait qu’on va bouger et on va s’assurer de faire ça intelligemment. Il ne faut pas perdre notre crédibilité, il faut faire les choses de manière intelligente dans une séquence établie, et un moment donné, on va arriver à quelque chose qui va faire mal. Les camionneurs comme nous, les entreprises comme nous, il faut frapper aux bons endroits. »

Écoutez l’entrevue complète ici :
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Sophie
Sophie Jacob possède une solide expérience et des qualifications notables dans le domaine de l'édition. En tant que rédactrice en chef chez Truck Stop Québec, elle supervise attentivement le contenu éditorial des articles, des actualités et du programme radio. Elle joue également un rôle actif dans la recherche d'informations et la création de contenus pour les réseaux sociaux, ainsi que dans la réalisation de segments radio de qualité.

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