Que faudrait-il ajouter à la formation en transport? Selon les camionneurs qui ont répondu à la question sur la page de Truck Stop Québec, plusieurs aspects essentiels de la formation mériteraient notre attention.
Les réponses varient, mais un thème récurrent est le manque de pratique et d’enseignements liés à des situations réelles que les conducteurs de poids lourds rencontrent quotidiennement.
Il est toutefois important de noter que certains de ces points, tels que la conduite sécuritaire, l’arrimage des charges, et les techniques de reculons, sont déjà couverts dans le cours complet offert par les centres de formation en transport, dans le DEP Transport par Camion. Cependant, certains camionneurs estiment que la pratique de ces compétences pourrait être approfondie et mieux adaptée aux défis concrets du métier, ou devraient être enseignées dans toutes les formations, toutes écoles confondues.
Mécanique de base
Une des demandes les plus fréquentes parmi les camionneurs est l’intégration de cours de mécanique de base dans la formation. Les conducteurs estiment que comprendre les rudiments de la mécanique leur permettrait de mieux réagir en cas de problèmes mineurs sur la route. Certains estiment que cela devrait être un module obligatoire, car ces compétences non seulement réduisent les temps d’arrêt, mais renforcent aussi la sécurité routière. D’autres vont plus loin en proposant que les compagnies offrent une formation pratique en garage pour tout chauffeur qui en ressent le besoin, une formation rémunérée, qui pourrait être bénéfique pour tous à long terme.
Reculons et manœuvres complexes
Les manœuvres de reculons, surtout dans des conditions difficiles comme des espaces restreints ou des manœuvres en blind side, constituent un autre point clé soulevé. Les camionneurs constatent que, bien que la formation actuelle aborde ces aspects, elle manque souvent de profondeur ou de pratique. Plusieurs suggèrent d’augmenter les heures de pratique dans des contextes réels, avec des véhicules chargés et dans des zones urbaines plus complexes. Ils estiment que c’est l’un des aspects du métier qui cause le plus de pertes de temps et de frustration.
Orientation et navigation
Certains formateurs soulignent que la connaissance des points cardinaux et des routes paires et impaires est essentielle pour mieux comprendre la géographie du transport. Il a été mentionné que peu de conducteurs comprennent ces notions. L’accent devrait également être mis sur la préparation d’itinéraires sans dépendre exclusivement des GPS. Bien que certains camionneurs soient habitués aux nouvelles technologies, ils estiment que l’utilisation d’outils comme les cartes et les atlas doit faire partie intégrante de la formation, pour éviter les mauvaises surprises sur la route.
Civisme et courtoisie
La courtoisie sur la route et entre collègues est un thème qui revient régulièrement. Plusieurs camionneurs ont déploré la disparition de l’entraide, autrefois très présente dans l’industrie. Par exemple, ils rappellent que ralentir pour permettre à un collègue de réintégrer sa voie est non seulement un geste courtois, mais contribue aussi à la sécurité de tous. Certains souhaitent voir des modules de savoir-vivre et civisme intégrés à la formation, pour encourager les nouveaux camionneurs à respecter les règles non écrites du métier.
Charge et arrimage
Le chargement et l’arrimage des remorques constituent un autre aspect négligé dans la formation. Plusieurs camionneurs estiment que la formation actuelle ne couvre pas assez en profondeur l’art de bien arrimer une charge, surtout lorsqu’il s’agit de types de transport spécialisés, comme les flatbeds ou les citernes. Certains chauffeurs suggèrent qu’un module complet sur l’arrimage, comprenant des cas pratiques avec des charges complexes, soit inclus dans le programme. Cela permettrait aux camionneurs de mieux se préparer aux défis qu’ils rencontreront sur la route, et possiblement, réduire le nombre d’accidents en lien à cet aspect.
Formation continue et diversité des transports
Pour les camionneurs, la formation actuelle offre une bonne base, mais elle ne reflète pas toujours la diversité des types de transport auxquels ils seront confrontés une fois sur le terrain. Beaucoup aimeraient que la formation inclue davantage de pratiques spécifiques à des situations réelles, comme le transport de matières dangereuses, les charges surdimensionnées ou encore les citernes. Ils soulignent que ce genre de spécialisation est généralement appris sur le tas, mais pourrait faire partie du programme de base, permettant ainsi de mieux guider les étudiants dans leur choix de carrière.
Manque de respect et attitude
Un autre point soulevé est le manque de respect entre les camionneurs, en particulier entre les nouveaux conducteurs et les plus expérimentés. Selon plusieurs camionneurs, il y a un fossé qui s’est creusé avec le temps. Les nouveaux se sentent souvent critiqués et jugés par les anciens, tandis que les plus expérimentés reprochent aux jeunes de ne pas respecter les valeurs fondamentales du métier. Certains camionneurs estiment même qu’une plus grande humilité chez les nouveaux diplômés serait bénéfique, car trop d’entre eux sortent de l’école en pensant qu’ils connaissent déjà tout du métier, alors qu’en réalité, l’expérience sur le terrain est essentielle.
Sélection et qualification
Certains camionneurs estiment que la sélection des candidats pour la formation devrait être plus rigoureuse. L’idée que “n’importe qui peut être camionneur” est perçue comme dangereuse par plusieurs. Une suggestion récurrente est d’introduire une évaluation plus stricte pour identifier les personnes qui ont réellement le potentiel d’exercer ce métier. Ce processus pourrait inclure des auditions ou tests préalables pour vérifier les compétences de base, la motivation et même l’aptitude à supporter les exigences psychologiques et physiques de la profession. Il a été également suggéré d’ajouter une période probatoire après l’obtention du permis, un peu comme pour les permis de moto, où les nouveaux conducteurs seraient suivis de plus près avant de se lancer seuls sur de longues distances.
Conduite en conditions difficiles
Plusieurs camionneurs ont souligné l’importance de pratiquer la conduite dans des conditions difficiles, comme dans des tempêtes de neige ou sur des routes montagneuses. Les formations actuelles se concentrent majoritairement sur la conduite en conditions optimales, mais la réalité du métier est tout autre. Les camionneurs doivent fréquemment naviguer dans des conditions météorologiques extrêmes, et la formation ne reflète pas toujours ces défis. Ils estiment que des simulations ou des pratiques en conditions réelles pourraient mieux préparer les futurs conducteurs à gérer ces situations.
Technologie et gestion du stress
Un autre aspect soulevé est l’importance de savoir utiliser les technologies de manière judicieuse tout en restant concentré sur la route. Plusieurs camionneurs déplorent que les nouveaux chauffeurs comptent trop sur les GPS et les autres outils technologiques, sans vérifier les itinéraires manuellement ou anticiper les imprévus. De plus, certains vétérans du métier ont souligné la montée du stress chez les nouveaux camionneurs, et comment des techniques de gestion du stress, comme simplement apprendre à rester calme sous pression, devraient être abordées dès la formation.
En conclusion
En résumé, les camionneurs estiment que la formation actuelle, bien qu’elle offre une base solide, pourrait être grandement améliorée en intégrant davantage de pratique dans des situations réelles, un module de mécanique de base, des enseignements sur le civisme et l’entraide, ainsi qu’une meilleure préparation psychologique pour gérer le stress et les imprévus. Toutefois, il ne s’agit pas forcément de changer la formation, mais plutôt de reconnaître certaines lacunes dans le métier. Selon les camionneurs, cela pourrait aussi refléter un manque de suivi de la part des entreprises, qui ne forment peut-être pas suffisamment leurs chauffeurs une fois qu’ils sortent de l’école.
Bien que la formation initiale leur donne un bon bagage, celui-ci reste souvent incomplet, notamment pour les aspects plus spécialisés, comme l’arrimage de charges complexes ou la gestion des matières dangereuses. L’expérience et la pratique sur le terrain sont essentielles pour compléter cette formation, mais il est important que les employeurs s’engagent à offrir un soutien continu pour permettre à leurs chauffeurs de se développer pleinement.
Ce sont des suggestions qui, selon eux, rendraient les camionneurs non seulement plus compétents, mais aussi mieux préparés aux défis de la route.
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