Le transport routier fait face à des défis interprovinciaux qui semblent de plus en plus importants, mettant les routes québécoises et les agents de Contrôle Routier Québec (CRQ) sous une pression encore plus importante.
De récents événements continuent d’en témoigner : mardi matin, une opération de routine menée par les contrôleurs routiers à Les Cèdres a révélé deux voitures volées dissimulées dans un conteneur intermodal en direction du port de Montréal.
Lors de cette intervention, le camionneur ontarien intercepté a présenté des documents d’expédition incomplets et ambigus, éveillant les soupçons des agents. L’inspection de sa cargaison a permis de découvrir deux véhicules haut de gamme déclarés volés et équipés de puces GPS. Selon des informations policières, ces voitures avaient été utilisées pour des crimes violents en Ontario, notamment une invasion de domicile et un vol qualifié.
Malgré la gravité des faits, le camionneur a été remis en liberté après un interrogatoire par la Sûreté du Québec, qui poursuit son enquête. Ce nouvel incident, le quatrième en seulement un mois dans cette région, s’ajoute à une longue liste de saisies similaires, confirmant que les routes québécoises deviennent une plaque tournante pour les cargaisons douteuses, le vol ou transport de voitures volées.
De plus en plus de cargaisons illégales sur les routes
Dans un autre cas survenu la même journée, un camion, suspecté de surcharge en raison d’une remorque qui écrasait les pneus, a été intercepté dans le Centre-du-Québec. Il transportait des cigarettes de contrebande. Le conducteur, également ontarien, ne possédait ni permis valide pour conduire un véhicule lourd, ni documents d’expédition. Ce type de comportement irresponsable, voire criminel, semble malheureusement être devenu monnaie courante.
Ces incidents soulèvent une question cruciale : combien de ces infractions passent inaperçues? Et surtout, les contrôleurs routiers sont-ils suffisamment soutenus et protégés pour faire face à ces fléaux?
Jean-Claude Daignault, président de la Fraternité des constables de CRQ, dénonce depuis longtemps un problème systémique qui compromet la sécurité et l’intégrité des routes québécoises. Il appelle à des mesures plus robustes pour contrer ces pratiques, notamment en armant les agents et en leur donnant un accès aux bases de données policières pour identifier rapidement les conducteurs à risque de violence ou de problématiques sévères.
Les contrôleurs routiers se retrouvent de plus en plus souvent confrontés à la criminalité sur les routes, qu’elle provienne du Québec ou d’ailleurs, mettant en lumière une augmentation significative des défis liés au transport de cargaisons illégales. Ils ont besoin plus de pouvoirs pour intervenir efficacement, notamment devant une montée du crime organisé sur les routes, tout en disposant des moyens nécessaires pour assurer leur propre sécurité.
Ontario : terreau fertile pour les entreprises aux stratagèmes douteux
Le fléau des vols de voitures, des transports criminels, des « Chauffeurs inc. » et des formations frauduleuses en Ontario contribue directement aux nombreux problèmes rencontrés sur les routes québécoises. En plus de favoriser une culture de non-conformité, où des conducteurs mal formés ou pas qualifiés obtiennent des permis sans répondre aux exigences minimales, ces pratiques alimentent des infractions récurrentes sur les routes québécoises. Les récentes interceptions illustrent les enjeux systémiques liés au manque de contrôle sur les transporteurs et leurs pratiques, ajoutant une pression supplémentaire sur les agents de CRQ.
Avec des inspections répétées révélant des documents invalides, des permis suspendus et des cargaisons suspectes, il est clair que ces problématiques en Ontario viennent exacerber les défis déjà existants liés à la sécurité et à la conformité sur les routes du Québec. Le Québec ne peut pas tolérer que ses routes soient utilisées pour des activités criminelles ou pour des infractions répétées par des camionneurs en provenance de l’Ontario. Ces comportements mettent en péril la sécurité publique et entachent l’image de l’industrie du transport. Il est urgent d’agir fermement face à ce flot croissant de non-conformité et de désordre.
Des contrôleurs routiers en manque de ressources
Ces incidents ravivent également le débat sur la sécurité des contrôleurs routiers, qui réclament depuis des années d’être armés lors de leurs interventions. Une décision judiciaire est attendue prochainement pour déterminer si des mesures supplémentaires, comme l’équipement d’une arme de service et un accès élargi au Centre de renseignements policiers du Québec, seront mises en place.
Selon un rapport de Mario Berniqué, ancien capitaine de la Sûreté du Québec, ces outils sont essentiels pour garantir la sécurité des agents face aux risques liés à la criminalité organisée et aux interventions imprévisibles.